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Andera Partners et GreenUnivers dévoilent le palmarès du 6e Prix des femmes de la transition énergétique.
Il met en avant 20 femmes dans cinq grandes catégories : acteurs privés, acteurs publics, associations, financement et innovation. Parmi elles, cinq lauréates : Sophie Catuogno – PDG d’ACS Steel, Séverine Jouanneau Si Larbi – déléguée générale de Tenerrdis, Hélène Gassin – présidente de négaWatt, Bérénice Arbona – Responsable de l’activité dette infrastructures à la Banque Postale Asset Management, et Marine Doquet-Chassaing – directrice des opérations d’Accenta. Et aussi un coup de coeur du jury attribué à Fanny Rubia, une jeune géographe-enseignante !
Ces femmes impliquées dans la transition énergétique ont été sélectionnées parmi 98 candidatures, reçues notamment via l’appel diffusé par GreenUnivers. ”Nous avons été ravis du nombre et de la qualité des candidatures”, souligne Guy Auger, président du jury également composé de Jean-Louis Bal (Syndicat des énergies renouvelables), Philippe Boucly (France Hydrogène), David Marchal (Ademe), Patricia Laurent (GreenUnivers), Sylvie Perrin (DGFLA – La Plateforme verte) et Anne-Catherine de Tourtier (France Energie Eolienne). Les principaux critères de sélection ? Les actions et accomplissements de ces femmes au service de la transition énergétique en 2022. Découvrez leurs portraits et l’ensemble du palmarès ci-dessous.
Acteurs privés
Sophie Catuogno, entrepreneuse 4.0
PDG d’ACS Steel
« Tout est possible », pourrait être la devise de Sophie Catuogno, CEO du groupe de chaudronnerie ACS Steel, tant cette entrepreneuse ne cesse de mettre en œuvre ses idées au service de l’entreprise familiale, rachetée à son père en 2017. Car la cheffe d’entreprise qui a fait entrer l’an dernier le groupe immobilier Idec au capital de SteelHy, l’entité lancée en 2020 dédiée à l’hydrogène, ne compte pas en rester là.
Dans un mois, le nouvel atelier 4.0 ultra robotisé et piloté de manière intelligente ouvrira ses portes à Champagnier, dans l’Isère, pour fabriquer des pièces en série. Et elle prépare déjà le lancement d’une nouvelle structure, SteelSun, dans le photovoltaïque. « Les énergies et la décarbonation sont des sujets incontournables : c’est l’avenir de notre belle planète qui en dépend et en plus, économiquement, c’est viable », assure celle qui a fait passer son entreprise de 12 salariés en 2017 à 35 en 2022 et qui vise les 50 personnes à la fin de l’année.
Après 12 ans dans la banque, où elle a débuté en bas de l’échelle pour finir directrice d’agence, Sophie Catuogno crée fin 2007 une maison de courtage en prêts immobiliers mais la conjoncture ne lui est pas favorable. Alors elle propose à son père de venir l’aider chez ACS, l’entreprise de chaudronnerie qu’il a créée sur le tard, après avoir été pendant trente ans ouvrier puis chef d’atelier dans la plus grosse chaudronnerie de Grenoble.
Cap sur l’hydrogène
Pour s’imprégner du métier, elle enfile un bleu de travail et pendant plusieurs mois observe, questionne, apprend et s’émerveille de ce que les « artistes » de l’atelier comme elle aime les appeler sont capables de faire à partir d’une tôle d’acier ou d’inox. « Nous fabriquons des pièces unitaires très techniques, des prototypes pour toutes les énergies, cela demande beaucoup de savoir-faire, de grosses compétences », explique-t-elle admirative.
En 2019, la crise Covid touche l’entreprise de plein fouet, alors cette passionnée de plongée et de navigation retrousse ses manches et fait le tour des donneurs d’ordre pour trouver de nouveaux débouchés : ce sera l’hydrogène et dans une usine à la pointe de la technologie. « Je me sens redevable parce que l’Etat et la région nous ont fait confiance, aujourd’hui mon objectif c’est de créer de l’emploi, de l’économie et de participer à la décarbonation de la planète : voici mes trois missions ».
Les nominées
Laetitia Brottier
Cofondatrice et Directrice innovations DualSun
Cette triple diplômée (Centrale Paris, ESCP, Normale Sup Paris-Saclay) a eu une année 2022 chargée. DualSun, le fabricant de panneaux hybrides dont elle est cofondatrice, a levé 16 M€ pour financer son développement international. Et à l’heure de la préparation du projet de loi d’accélération des énergies renouvelables, son agenda a aussi été bien rempli du côté de son activité de vice-présidente solaire photovoltaïque sur bâtiment et autoconsommation du syndicat professionnel Enerplan.
Aurélie Gaudillère
Cofondatrice et Présidente d’Enerlis
Cofondatrice de la société de services en efficacité énergétique, elle en est présidente depuis 2020. Enerlis a réalisé 5 900 chantiers d’efficacité énergétique en 2022, signé 90,2 MWc de nouveaux projets solaires et formé 136 collaborateurs (sur 180) aux enjeux du changement climatique. Sous sa houlette, l’opérateur intègre aujourd’hui les bornes de recharge et l’hydrogène bas carbone dans son panel de solutions. Elle veille aussi à l’égalité professionnelle femmes/hommes avec un index annoncé à 88 sur 100.
Loëtitia Hurez
Directrice commerciale de TTR Energy
Après une quinzaine d’années chez Nordex et RWE, cette spécialiste du développement éolien est arrivée en 2022 chez le développeur-investisseur TTR Energy, basé à Bruxelles et Reims. Elle est également administratrice de FEE, présidente de la commission ancrage local et a lancé à ce titre les premiers trophées des élus d’Eole en 2022, qui récompensent les élus locaux s’engageant en faveur du développement des énergies renouvelables et de l’éolien sur leur territoire.
Ondine Suavet
Co-fondatrice et Directrice générale de mylight150
Ingénieure diplômée de Chimie ParisTech, elle a débuté sa carrière dans la Silicon Valley avant de cofonder mylight150 (ex MyLight Systems) en 2014 avec son frère. Cette société pionnière dans l’autoconsommation solaire propose des solutions de gestion de l’énergie, des panneaux au stockage virtuel. Elle a profité pleinement en 2022 de l’essor du marché, avec un chiffre d’affaires qui atteint 90 M€ et un effectif de 200 salariés avec pas moins de 100 postes ouverts en 2023.
Carla Vico Rico
CEO de Greensolver
Après plusieurs années chez Iberdrola, cette diplômée en ingénierie industrielle de l’université Carlos III et titulaire d’un MBA de l’IE Business School de Madrid rejoint le spécialiste de la gestion d’actifs et du conseil technique aux EnR comme directrice technique en 2013. Sept ans plus tard, alors que Greensolver est passée dans le giron de Voltalia, elle en devient directrice générale. Depuis, elle a développé l’activité dans de nouveaux pays : Espagne, Grèce et Pologne.
Acteurs publics
Séverine Jouanneau Si Larbi, animatrice d’un écosystème
Déléguée générale du pôle de compétitivité Tenerrdis
« J’aime semer des graines, voir ce qu’elles deviennent et récolter. » En quelques mots, Séverine Jouanneau Si Larbi évoque aussi bien son passe-temps – le jardinage – que son parcours professionnel. Après 18 ans au CEA à diriger des activités de R&D, elle rejoint en 2022 le pôle de compétitivité Tenerrdis. Durant sa première année comme déléguée générale, elle a découvert et tisser des liens dans un nouvel écosystème « très actif ».
Pourquoi Tenerrdis ? « J’avais le souhait d’œuvrer au plus près du terrain, travailler sur du concret en interface avec tous les acteurs, publics et privés, créer de la valeur, des entreprises, des emplois… ». Son arrivée au pôle spécialisé dans la transition énergétique de la région AURA apparaît comme la suite logique d’un parcours débuté en 2001 avec un doctorat dans les matériaux, notamment pour les batteries. Après un passage en Nouvelle-Écosse, au Canada, elle intègre dès 2004 le CEA, où elle a peu à peu pris des responsabilités de direction.
Une expérience forgée au CEA
Le jardinage lui offre des moments de relâchement et de contact avec la nature, qu’elle met ensuite à profit pour piloter des projets. D’abord sur des sujets liés aux batteries et piles à combustible au CEA. A partir de 2015, elle a été responsable au CEA Liten du département consacré à l’électricité et à l’hydrogène dans les transports. Désormais, son activité à Tenerrdis recouvre toutes les énergies renouvelables depuis leur production jusqu’à leur distribution, en passant par leur stockage et les étapes de conversion.
« Diriger un département au CEA, c’est un peu comme une division dans une entreprise. » Au CEA, Séverine Jouanneau Si Larbi a coordonné le travail de 300 personnes. Sa mission comportait des dimensions ressources humaines, budget, qualité ou encore sécurité.
A Tenerrdis, son équipe est composée de 15 personnes au sein d’un « riche » réseau de 280 membres. « Beaucoup de TPE, PME et ETI, ainsi que des grands groupes, des écoles et des universités ». Ce nouveau poste s’avère d’autant plus stratégique qu’il comprend une importante dimension de coopération territoriale. « Auvergne Rhône-Alpes est une région très active dans la transition énergétique. L’enjeu est de faire travailler tous les acteurs ensemble. » A 47 ans, celle qui est aussi devenue l’an dernier déléguée régionale de l’association France Hydrogène semble s’épanouir en animatrice de cet écosystème.
Les nominées
Celia Blauel
Directrice de projet de la Société d’investissement EnR Région Grand Est
Conseillère écologiste à Paris, cette ex-adjointe d’Anne Hidalgo chargée de la Seine, de la prospective Paris 2030 et de la résilience a choisi de prendre du champ fin 2021. Mais cette militante, diplômée de l’IEP de Strasbourg, reste très engagée en faveur de la transition énergétique. Elle travaille depuis plus d’un an pour la région Grand Est à la création d’une société d’économie mixte dédiée aux énergies renouvelables.
Bénédicte Genthon
Directrice adjointe bioéconomie et énergies renouvelables de l’Ademe
Arrivée à l’Ademe en 2019, cette polytechnicienne membre du corps des Ponts pilote notamment le Fonds chaleur qui soutient les installations de production de chaleur renouvelable et de récupération et le développement des réseaux de chaleur. Un outil clé de la transition énergétique qui a connu en 2022 une hausse de 40% de son budget annuel à 520 M€. Avant d’intégrer l’agence, Bénédicte Genthon a travaillé à l’Autorité de sûreté nucléaire et dans des ministères dont celui de la Transition écologique.
Aurélie Picart
Déléguée générale du comité stratégique de filière Nouveaux systèmes énergétiques
En pleine crise énergétique, la structuration d’une filière française de décarbonation est l’une des priorités du gouvernement. Et une mission clé pour le CSF Nouveaux systèmes énergétiques dont Aurélie Picart est la déléguée générale depuis 2018. Un chantier que cette X-Mines a pris à bras le corps, organisant la 1ère rencontre nationale des industriels de la décarbonation à l’automne dernier au ministère de l’Economie. Un succès suivi de rencontres en région.
Associations
Hélène Gassin, militante de la sobriété
Présidente de négaWatt
Fille de militants, titulaire d’une maîtrise de sciences et techniques en gestion de l’environnement, elle commence sa carrière comme responsable de campagne énergie de Greenpeace France. « J’avais l’impression de rentrer à la maison ! », sourit-elle. Elle assure le suivi de négociations internationales et le lobbying dans l’élaboration de directives européennes et de lois françaises. Elle participe également à la création de la coopérative Enercoop.
En 2010, elle est élue vice-présidente de la région Ile de France, en charge de l’environnement, l’agriculture et l’énergie. « C’était passionnant. On est plus dans la vraie vie des gens que dans une ONG », se souvient Hélène Gassin. En 2013, elle est nommée à la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en tant que commissaire. Aujourd’hui, elle est consultante en stratégies territoriales dans le secteur de l’énergie. « J’avais envie de retourner sur le terrain. La dimension territoriale est énorme pour la transition, on le voit bien avec les zones à faibles émissions, les énergies renouvelables… C’est encourageant de voir que les choses bougent, y compris dans les zones rurales », ajoute celle qui aime s’aérer l’esprit en se baladant dans le Morvan.
La légitimité des femmes
Bien connue pour son triptyque « sobriété, efficacité, renouvelables », négaWatt a été rattrapé par le succès du mot sobriété à la fin de l’été 2022, avec la crise énergétique. « On ne va pas bouder notre plaisir que le sujet arrive enfin sur la table ! Mais pour nous, il n’est pas question de comportements individuels, mais bien d’une sobriété structurelle ».
En 2022, l’association a publié un nouveau scénario pour 2050, enrichi d’une étude sur les matériaux «négamat ». Elle alerte notamment sur l’utilisation du lithium. Un nouveau scénario, européen cette fois-ci, est en préparation pour juin.
Forte de ces nombreuses expériences, Hélène Gassin insiste sur la légitimité des femmes. « Dans le monde associatif ou politique, comme dans le monde professionnel, les femmes se posent trop de questions sur leur légitimité. Il faut arriver à faire sauter ce verrou culturel. Elles sont légitimes jusqu’à preuve du contraire, et non l’inverse ».
Les nominées
Laure-Aline Baheux
Responsable du réseau Women in Green Hydrogen France
Consultante chez Wavestone, Laure-Aline Baheux pilote aussi pour la France le jeune réseau « Women in green hydrogen ». Son objectif ? Accroître la visibilité des femmes et promouvoir la diversité dans cette filière en plein développement. Pour cela, elle fait feu de tout bois avec l’appui d’autres bénévoles : communication via LinkedIn, lancement d’un programme de mentorat, création d’une base de données d’expertes… En décembre dernier, elle a organisé une première conférence à Paris.
Alexandra Batlle
Coordinatrice de Sol Solidaire
Réduire la précarité énergétique des habitants de logements sociaux grâce à l’utilisation de l’énergie solaire, c’est l’objet de l’association Sol Solidaire, fondée en 2019 et dont Alexandra Batlle est la coordinatrice. En septembre 2022, dans un contexte de crise énergétique qui accroît la précarité, elle a organisé la première soirée caritative de l’association, à Paris. Cette diplômée de Sciences Po Bordeaux est par ailleurs secrétaire générale du bureau d’études Tecsol.
Financement
Bérénice Arbona, banquière des infrastructures pro-climat
Responsable de l’activité dette infrastructures à la Banque Postale Asset Management
« Avec mon métier, j’essaie de trouver les moyens d’aller dans le bon sens », c’est-à-dire dans celui de l’intérêt général. Responsable de l’activité dette infrastructures à la Banque Postale Asset Management (LBP AM), Bérénice Arbona a joint l’année dernière le geste à la parole. Elle a lancé le premier fonds à impact pro-climat de sa structure, éligible à l’article 9 de la nouvelle et exigeante réglementation européenne SFDR*. Et réussi à collecter 340 M€ pour l’instant, de la part d’investisseurs institutionnels.
LBP AM vise 500 M€ sous trois ans, un montant non négligeable en comparaison de celui affiché par le dernier véhicule financier généraliste bouclé par le département de Bérénice Arbona, à 650 M€. « Nous sommes allés chercher la typologie de fonds la plus engagée possible, avec une méthodologie assurant que tous les investissements aboutissent bien à une réduction des émissions de CO2. Trouver des projets “verts” n’est pas difficile. S’aligner sur la taxonomie européenne est plus compliqué”, explique cette professionnelle associée à la société de conseil Carbone 4 pour y parvenir.
Même si l’évaluation extra-financière allonge le bouclage d’un prêt, le nouveau fonds a quand même pu boucler trois opérations pour le moment, dont deux publiques. Elles correspondent aux catégories que vont explorer les cinq collaborateurs de Bérénice Arbona : 1) décarboner le mix énergétique 2) électrifier les usages et 3) susciter des économies d’énergie. Une première affaire a été conclue pour faire sortir de terre dans les Vosges une centrale de cogénération biomasse de 25 MW électriques et 87 MW thermiques. Une deuxième a été réussie dans l’effacement diffus avec Voltalis, LBP AM participant à un prêt de presque 100 M€.
Expérience industrielle
Un troisième projet se finalise dans les stations de recharge pour véhicules électriques. Des chantiers dont est familière cette diplômée de l’école de commerce EM Lyon, puisqu’elle a commencé sa carrière chez les constructeurs et les industriels : Autoroutes du sud de la France, Eiffage et Alstom.
Immergée alors dans une culture d’ingénieurs – et un monde encore très masculin – Bérénice Arbona en a gardé un goût des choses concrètes, complété par le souhait « d’aller dans le bon sens ». Ce qui est sans doute le cas chez LBP AM : avant d’avoir lancé son fonds à impact, le département dette infrastructures avait déjà orienté la moitié de ses investissements, soit 1,3 Md€, dans des activités à faible intensité carbone, par exemple des centrales solaires, des réseaux de chauffage urbain ou du leasing de véhicules ferroviaires.
*Sustainable Finance Disclosure
Les nominées
Christel Dompietrini-Parisot
CFO de Valeco
Après des débuts chez Alstom puis Areva T&D, cette spécialiste de la finance devient en 2012 DAF du bureau d’étude en environnement Biotope. Sept ans plus tard, elle rejoint le développeur EnR Valeco où elle prend en charge la direction financière. Son année 2022 a été marquée par deux opérations d’envergure : le refinancement d’un portefeuille de 13 projets totalisant 220 MW pour un total de 300 M€ de dettes et la cession d’un portefeuille de 169 MW.
Karine Mérère
Directrice générale d’Ademe Investissement
L’ancienne directrice des financements structurés de Solairedirect a pris la direction générale d’Ademe Investissement en 2019. Ce véhicule doté de 400 M€ apporte des fonds propres à des projets à risque, dans tous les secteurs de la transition écologique. L’équipe de Karine Mérère a multiplié les opérations ces derniers mois, dans l’efficacité énergétique (Enogia), l’éolien en mer (BW Ideol) ou encore les bornes de recharge (Electra).
Karine Vernier
CEO et Directrice générale France de EIT InnoEnergy
Cette passionnée de maths a travaillé dans la filière gazière, chez Engie, avant de diriger le programme Energie et économie circulaire du Secrétariat général pour l’investissement. Après trois ans à ce poste clé pour le soutien public à la transition écologique, elle devient en 2021 CEO de l’EIT InnoEnergy France qui soutient l’innovation dans l’énergie durable. En 2022, elle a initié la création de GravitHy, projet ambitieux pour décarboner l’industrie de l’acier.
INNOVATION
Marine Doquet-Chassaing, l’envie d’entreprendre
Cofondatrice et Directrice des opérations d’Accenta
“Je voulais avoir une contribution plus directe”. Marine Doquet-Chassaing s’est lancée dans l’entrepreneuriat en rejoignant Accenta en 2017 en tant que directrice des opérations, après une carrière chez Veolia. La société se spécialise dans la production et le stockage de chaleur géothermique, une technologie pilotée à l’aide d’intelligence artificielle. Elle y chapeaute aujourd’hui une équipe qui a atteint en 2022 une quarantaine de personnes, sur un total de 120 salariés. Et qui a vocation à grandir encore.
“Je cherchais un projet où j’aurais un impact et un contrôle plus importants”, dans le domaine de la transition énergétique, au lieu de “travailler sur les mêmes thèmes comme salariée d’un grand groupe, même si j’ai beaucoup de respect pour ce dernier”, explique-t-elle.
Au sein de Veolia, Marine Doquet-Chassaing a dirigé plusieurs métiers dans différents pays. D’abord le traitement des déchets, ensuite celui de l’eau, puis les services à l’énergie, ce qui l’a conduite à séjourner, entre autres, au Gabon, en Italie ou encore au Royaume-Uni. Cette ingénieure agricole et des eaux et des forêts a ajouté un volet économique à sa formation avec un master spécialisation finance.
Une technologie émergente
L’intérêt pour le stockage thermique de l’énergie n’était qu’à ses débuts quand elle a rejoint l’aventure Accenta. Mais sa combination avec la production d’énergie dispersée avec comme clé de voûte la technologie de géostockage d’Accenta “me paraissait extrêmement porteuse”, affirme Marine Doquet-Chassaing.
La rencontre avec le fondateur de l’entreprise, Pierre Trémolières, a été aussi cruciale pour sa décision. Une bonne entente professionnelle qui fluidifie les échanges. Elle apporte aujourd’hui sa connaissance des infrastructures et des énergies, combinée aux compétences des professionnels de l’édition de logiciels. “Je serai très contente si d’ici dix ans nous pouvions réaliser 10% de toutes les rénovations thermiques des bâtiments”, indique-t-elle. En 2022, elle a notamment mis en service une chaufferie bas carbone chez le promoteur immobilier Icade. Les émissions de CO2 seront limitées à 1,4 kg de CO2 par an, pour un bâtiment de 18 000 m2.
Autre point positif de son travail, la taille considérable et les dimensions variées du marché de la rénovation énergétique. Cela l’amène à travailler sur des bâtiments publics, privés, industriels ou résidentiels et à être toujours en contact avec le terrain. “Tout le monde a son mot à dire, c’est très vivant”, souligne la dirigeante.
Les nominées
Maud Caillaux
Cofondatrice de Green-Got
Aligner son argent avec ses valeurs : c’est le credo de cette franco-iranienne de 28 ans qui a cofondé la néobanque verte Green-Got en 2022. Alors que les investissements des grandes banques sont encore très orientés vers les énergies fossiles, elle veut les flécher vers des projets de transition écologique. Fin 2022, Green-Got a franchi le seuil des 10 000 clients.
Yun Luo
Cofondatrice et CEO de Rosi Solar
Cette physicienne née à Shanghaï a cofondé Rosi Solar en 2017. Implantée à Grenoble, la société a mis au point une technologie permettant de récupérer le silicium, l’argent et le cuivre présents dans les panneaux solaires, en conservant pour ces matériaux un haut degré de pureté. La dirigeante a bouclé une levée de fonds à l’automne 2022 pour financer la première usine.
LE COUP DE COEUR DU JURY
Fanny Rubia, exploratrice du climat
Sourire aux lèvres, Fanny donne envie de la suivre au bout du monde… ou plutôt au bout de la transition écologique ! Géographe de formation, cette jeune femme de 32 ans milite pour une « écologie fun », qui apporte de la joie.
Après avoir pris conscience de l’urgence climatique à l’âge de 15 ans, elle se passionne pour ce sujet. Lors de son master, elle travaille sur la résilience des populations au changement climatique, puis fonde l’association Géodyssées en 2016. Exploratrice dans l’âme, elle part étudier les petites îles face au réchauffement climatique. Elle se focalise sur les initiatives positives que les habitants développent dans les domaines de l’agro-écologie, l’éducation à l’environnement ou encore les énergies renouvelables. Une aventure réalisée de manière totalement bénévole.
De retour en France, Fanny réalise, en plus de ses études scientifiques, un documentaire de 52 min, intitulé « Utopia, à la recherche de l’équilibre ». Inspirée par le film « Demain » de Cyril Dion, elle souhaite mettre la lumière sur les îles, véritables laboratoires de la transition écologique. « J’ai ensuite eu envie d’accorder plus de temps à la transmission et je suis devenue enseignante ».
« Agir rend heureux »
En 2022, en plus de la promotion de son film, Fanny est professeure d’histoire-géographie dans un collège de La Rochelle, « son port d’attache », où elle s’occupe également de l’option climat du lycée. Cette option, nommée « demain, c’est nous », prend la forme d’une association d’élèves, née en 2018. « De nombreux élèves tombent des nues lorsque l’on aborde le changement climatique, ils semblent demandeurs de solutions. Plutôt que de sombrer dans l’éco-anxiété, je voudrais qu’ils relèvent le défi. Agir rend heureux », souligne Fanny. Avec ce leitmotiv en tête, elle organise, le mois prochain, une expédition dans les Alpes avec ses élèves pour étudier les glaciers de la vallée du Mont-Blanc. Grâce au soutien d’amis cinéastes et de la fondation E5T, elle réalisera un nouveau documentaire sur cette aventure.
Battante, passionnée et « grande idéaliste », Fanny Rubia souhaite continuer à emmener des élèves hors de la classe afin qu’ils se connectent au vivant, et veut enseigner l’intelligence collective, « oui, ça s’apprend et on en aura besoin dans le futur ! », conclut-elle.